Date de création : 08.01.2010
Dernière mise à jour :
01.10.2025
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La tante Anna était la plus jeune des quatre sœurs de mon grand-père Nicolas Budinger. Elle est née en 1885 c’est-à -dire qu’elle avait 23 ans de moins que lui, mais 14 ans de plus que ma mère, Laure, née en 1899, un an avant le changement de siècle.
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Quand Laure devint adolescente, elle alla souvent donner un coup de main à Anna, qui tenait un café-restaurant à Heinsch avec son mari, l’oncle François. C’est Anna qui initia la jeune Laure à l’art de devenir une jeune-fille accomplie et, le peu de différence d’âge aidant, elle considérait Laure plutôt comme une petite sœur que comme une nièce, d’autant plus qu’en sa condition d’orpheline, il arrivait à Laure de faire parfois d’assez longs séjours chez Anna .Enfin, disons que la jeune-femme et la jeune-fille étaient plutôt complices. C’est de Laure que je tiens les faits que je raconte ici, et je suppose qu’elle-même les tenait d’Anna. A moins que ce fut l’oncle François, farceur d’agréable compagnie, qui les lui conta, ce qui ne m’étonnerait pas non plus, car je l’ai bien connu, c’était un grand blagueur et un grand conteur devant l’éternel.
Il s’agit, dans ce court récit, de la manière dont François déclara sa flamme à la jeune Anna.Â
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Ils étaient tous deux employés de maison dans le même château au Grand-Duché.
Il était naturellement impossible aux employés de conter fleurette aux employées pendant les heures de service. En dehors des heures de service, il était interdit aux hommes de se trouver dans les chambres des femmes, et même de les importuner en leur adressant simplement la parole. Inutile d’ajouter que, sur ces deux points, tout le monde surveillait tout le monde, et cela surtout pendant les repas pris en commun, entre domestiques, dans la grande cuisine du château.
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De ce temps-là , le service commençait au lever et se terminait au coucher, et il était tout à fait impossible pour des jeunes-gens sérieux, employés dans une maison respectable, de parler ensemble d'autre chose que du service, s'ils étaient de sexes opposés.
Au jeune homme donc, de trouver une astuce pour informer sa dulcinée de ses sentiments à son égard ! Et Dieu sait combien Anna était belle !!!
François ne fut donc pas long à trouver un "truc".
Le château était ainsi construit qu'il y avait les combles et les "combles des combles", je veux dire par là , les mansardes bien aménagées et les greniers par-dessus les mansardes.
Les femmes logeaient dans les mansardes, dans de petites chambres personnelles et les hommes logeaient en chambrées, dans le grenier qui avait de petites fenêtres dans le toit pour l'aération.
François ne tarda donc pas à découvrir quelle fenêtre du toit se trouvait au-dessus de la fenêtre mansardée de la belle Anna.
Le principal atout, sur lequel misait François, pour sa déclaration à Anna, était tout simplement…une pierre !!!
Une pierre ! Mais quelle pierre ? Le choix de la bonne pierre, tout se jouait-là  !!!
Et ce ne fut pas évident : elle devait être lourde, mais sans trop peser, maniable à distance comme une marionnette, capable de cogner une vitre sans la casser...donc sans aspérités et à peu près aussi lisse qu’un galet.
Ajoutons à tout cela que l’avenir amoureux de François dépendait de cette pierre, et vous comprendrez aisément le soin avec lequel il l'a choisie et le temps qu’il a mis à la trouver. La bonne pierre ou pas la bonne pierre, là était la question !
Le reste est facile à deviner. Nous voyons d'ici le fébrile François la nuit venue, armé de la pierre porteuse de sa missive d'amour, ladite pierre attachée à une longue corde, se défénestrant plus qu'à moitié, mais heureusement retenu par ses collègues pendus à ses basques. Dans cette position très inconfortable, le pauvre garçon, presque plongé dans le vide, pour avoir un champ de vision suffisant, fait descendre la pierre jusqu'à la hauteur de la fenêtre d'Anna et se met à manier la corde de façon à faire osciller suffisamment la pierre pour que celle-ci aille cogner répétitivement contre la vitre. Il tient le coup, dans l'exercice de ces fonctions jusqu'à réception de la lettre par Anna qui, s’interrogeant sur les bruits provenant de la fenêtre, ouvre celle-ci et effrayée par la position du soupirant au visage congestionné, ôte rapidement le papier et libère la pierre. Après quoi il remonte son bizarre attelage et enjoint à ses copains de l'ascensionner au grenier, ce qui se passe assez aisément, espérons-le pour lui.
La belle Anna pourtant, ne se pressa pas de répondre. Sans doute se disait-elle qu’ « Un soupirant c'est fait pour soupirer », mais François, n'en pouvant plus d'attendre, renouvela son manège plusieurs fois. Enfin un soir, il jubila en constatant que la pêche à la pierre avait réussi, car il remonta une lettre d'Anna au bout de son caillou. Celle-ci le priaitd'arrêter ses périlleux numéros de cirque et de mettre leurs patrons au courant de leurs sentiments, car  "Oui, oui, oui",  elle les lui réciproquait de tout son cœur et depuis longtemps.
Néanmoins j'ai un doute : tante Anna aimait-elle vraiment oncle François, ou a-t‘-elle cédé au chantage de ses acrobaties suicidaires ?
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Le vécu de leur histoire d’amour nous dit qu’ils se marièrent, qu'ils vécurent très heureux et très vieux (plus de soixante ans de mariage) et eurent beaucoup d'enfants !!!
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Tante Anna au temps où elle était en service au Grand-Duché.
Très belle histoire
Merci de ce partage
Bizzzz
Annick le 03/11/2017 Magnifique, superbe histoire d'amour! J'adore ce bon moment! bisous
MERVEILLEUSE HISTOIRE D'AMOUR MERCI BEAUCOUP MARTINE
gros bisous
Merci pour le partage, c'est une belle histoire. bisous
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